PASCAL GRANDMAISON / LA MAIN DU RÊVE

Présent sur la scène de l’art contemporain depuis la seconde moitié des années 1990, Pascal Grandmaison s’est affirmé au cours des dernières années comme l’un des artistes les plus rigoureux et novateurs de sa génération. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles notamment au Musée d’Art Contemporain de Montréal (2006) et au Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain (2011). Depuis 2000, ses œuvres filmiques et vidéo ont été présentées dans de nombreux festivals et biennales en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, en Italie ou encore aux Etats-Unis.

L’artiste a également été finaliste du prix Sobey 2013, plus haute distinction artistique au Canada. Pascal Grandmaison a récemment présenté son film Soleil différé (2010) à la Gaité Lyrique (Paris) en participant pour la seconde fois aux Rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid (1) en février-mars 2014, ainsi que dans le cadre de l’exposition « Where do I end and you begin » au Edinburgh Art Festival (2) qui a débuté le 1e août dernier. La main du rêve, dernier film de l’artiste qui donne son titre à l’exposition personnelle présentée à la galerie Eponyme, a été diffusé en avant-première en France dans le cadre de l’exposition collective « A Montréal, quand l’image rôde» programmée au Fresnoy (Tourcoing) durant l’hiver 2013-2014 sous le commissariat de Louise Dery. Cette oeuvre sera également diffusée lors de la prochaine édition de la Scotiabank Nuit Blanche qui se déroulera le 4 octobre 2014 à Toronto.

Si La main du rêve reste fidèle à l’identité esthétique singulière qui caractérise l’oeuvre de Pascal Grandmaison, cette pièce maîtresse de l’exposition est aussi très représentative de l’évolution connue par la démarche de l’artiste. C’est avec la minutie chirurgicale et la maîtrise de la matière temporelle qu’on lui connaît que Pascal Grandmaison poursuit sa pratique du médium filmique. Cette fois cependant, il use de ses influences conceptuelles et de sa précision technique pour réaliser une ode à la nature, aux éléments et au cycle de la vie. Il les fait entrer en résonance avec les sens du spectateur, lui permettant d’expérimenter jusqu’au plus imperceptible souffle d’énergie qui les anime.

Tournées parmi l’omniprésence végétale qui peuple la région de MorinHeights au Québec, les 300 images par seconde de la caméra très haute définition (la RED One) subliment chaque infime détail. Sous l’effet de distorsions à travers lesquelles
s’entrechoquent l’inversion chronologique et la permanence de l’instant, les micro événements naturels sont transcendés en innovations temporelles d’exception. Les éléments, délestés de toute apesanteur par les ralentis et retours sur image, se lient et se délient au fil d’une fascinante danse organique. La bande sonore énigmatique, composée à partir d’un algorithme informatique transformant la résonance du bois, du caoutchouc
ou du métal, envahit l’espace de perception à la manière d’un champ magnétique. L’envoûtement qu’elle prodigue nourrit la magie opérée par les fragmentations et contre-mouvements visibles à l’écran.
Au cœur d’un sous-bois oublié, l’œil technologique procède à une fracturation multiple et subtile du temps de l’expérience esthétique, comme une nouvelle invitation de la part de l’artiste à percer le secret de phénomènes restés invisibles pour la conscience humaine. Plaçant son aspiration toujours au-delà de la performance technologique pure,

Pascal Grandmaison délaisse ici une mise en abîme de l’histoire du médium filmique au profit d’une attention de plus en plus puissante et perfectionnée envers la part d’insaisissable qui compose notre environnement.

Stéphanie Dauget


LA MAIN DU RÊVE
Du 9 Octobre au 20 Décembre 2014